Le Presbytère d'Yves Gibeau
Gérard Rondeau
26min
France 3 - Production Sodaperaga
2005
A la fin des années 80, cinq années avant la mort d’Yves Gibeau, Gérard Rondeau est arrivé chez lui à l’improviste avec une caméra amateur en lui demandant de lui faire visiter pièce par pièce son presbytère.
Ce moment constitue un document exceptionnel et unique : Gibeau qui avait les manies du collectionneur lui décrit sa façon de classer ses bibliothèques, littératures française, étrangère, sa collection complète de la Pléiade, ses collections de livres de théâtre, de guerre, etc. ainsi que son musée personnel d’objets datant de 14-18 récupérés pendant une vie entière. C’est la visite de la maison singulière d’un grand romancier hanté par la guerre.
Yves Gibeau meurt en 1994. Pendant huit ans, Rondeau est le seul à passer régulièrement dans la maison qui n’est pas débarrassée de ses collections. Régulièrement, au rythme des saisons et des événements qui ponctuent la vie silencieuse et secrète du presbytère (inondation, visites régulières de petits cambrioleurs), il découvre des vitres cassées, des armoires vidées etc. Rondeau assiste (il filme et photographie) à la mort lente de ces bibliothèques si soignées, aux dossiers vidés à même le sol, à la disparition de phrases d’autres auteurs (Tchékov, Blondin, Calet ...) que Gibeau aimait à recopier de sa main et dont il tapissait certains murs.
Ce film est constitué alternativement de séquences silencieuses du presbytère ravagé et de la visite guidée des années auparavant du même lieu par Yves Gibeau. Aucune maison d’écrivain n’a eu ce destin, aucune n’a eu de témoin pour le raconter : outre la présence - et l’absence - de l’auteur d’Allons z’enfants dans un unique lieu et par delà les années, outre les allusions à sa vie et à son oeuvre, le film nous emmène sur des chemins particuliers, la vie, la mort, les choses, un peu à la façon des peintres du 17ème siècle qui nous jetaient sur la toile leurs - et nos - vanités.